AequitaZ accompagne la Croix Rouge française sur la question de la relation entre bénévoles et bénéficiaires dans ses activités d’action sociale envers les plus démunis (distribution alimentaire, vesti-boutique, domiciliation, maraude…). Sur la base d’un groupe de travail national, nous avons pu expérimenter une journée de regards croisés avec le groupe local d’Orléans. Récit d’une journée riche d’apprentissages…
Installés dans un ancien collège, les locaux de la croix rouge orléanaise sont immenses quoiqu’un peu décrépits. A partir d’un grand hall d’accueil sont distribués les différents services proposés : boutique textile, laverie, boutique de produits d’hygiène, service domiciliation et distribution alimentaire. Il est tôt ce vendredi 5 avril mais les fils de chaises alignées laissent entrevoir la foule qui se pressera dès l’ouverture des portes à 14h. Tout le monde nous le confirmera, les services débordent, les fils d’attentes ne cessent de s’allonger, malgré le nombre impressionnant de bénévoles avec leurs gilets oranges qui s’affairent déjà à cette heure matinale.
Nous démarrons la journée avec un groupe hétéroclite : l’une est bénéficiaire de tous les services du quotidien, l’autre est bien connu de l’équipe maraude, l’une est bénévole à la dom’, l’autre à la vesti-boutique, deux jeunes recrues en services civiques s’occupent des mineurs isolés, deux sont venues du siège national, l’un est au bureau national, la communauté Croix Rouge semble réunie. Nous les invitons avec attention et précaution à un exercice délicat : porter nos regards les uns sur les autres, partager sur « ce qui fait chaud au cœur » et aussi et surtout « ce qui fait mal » dans les relations quotidiennes du donner et du recevoir. Nous sommes dans un monde où la dignité de chacun est en jeu, où il nous faut toucher du doigt la commune humanité de ces univers qui se croisent.
Nous naviguons ensemble dans cette traversée de nos ressentis, de nos histoires vécues, pour pouvoir mieux analyser ensuite pour transformer les relations : Comment diminuer ce qui fait mal aux bénéficiaires et aux bénévoles dans la relation ? Comment donner davantage de pouvoir aux bénéficiaires et ajuster le pouvoir des bénévoles dans une relation souvent perçue comme inégalitaire par les premiers ?
Des pistes émergent, des idées fusent : « soigner » davantage l’accueil en terme de convivialité, animer des échanges pour mieux gérer les espaces d’attentes, se former et s’outiller pour mieux communiquer, apprendre à faire face à des situations conflictuelles, aménager les lieux, les horaires, l’affichage, changer les mots, créer des assemblées où tous sont invités, multiplier les lieux d’implication des bénéficiaires, vivre des temps conviviaux en commun,…
Nous repartons en fin de journée, en route vers notre prochaine étape parisienne le lendemain. Nous quittons Orléans la tête pleine des récits qui nous ont été livrés durant la journée, qui disent pour les uns cette envie d’aider, cette joie des petites victoires obtenues avec les gens : parfois un logement, un boulot, une premier pas vers une formation… Pour les autres, au-delà des besoins matériels les plus essentiels, on ressent cette impérieuse nécessité d’affirmer sa dignité, sa place, une égale humanité, une droit à contribuer…simplement comme tout le monde.
Nous nous donnons rendez-vous avec certains à Paris pour un rendez-vous national début juin. Et les Orléanais se retrouveront vite pour écrire la suite de l’histoire. Bravo à eux pour l’énergie et l’envie et merci pour l’accueil et la confiance accordée.