Les aides sociales sont trop chères et inefficaces ?

Le budget de l’aide sociale n’est pas « dingue » et contribue nettement à réduire les inégalités.

« Avec le RSA, on ne vit pas, on survit. »

« On met un pognon de dingue dans des minima sociaux, les gens ils sont quand même pauvres » (Emmanuel Macron à l’Elysée, discussion informelle 2018). Alors oui, mais non ! D’abord, ce qu’on appelle un pognon de dingue est tout relatif. D’abord, prenons le RSA (revenu de solidarité active). A l’origine, c’est un minimum social destiné à protéger les personnes qui se retrouvent à un moment donné de leur vie, sans aucun revenu. Le budget du RSA est de 15 milliards d’euros soit 0,75 point de PIB. Si on ajoute l’allocation adulte handicapé et les aides aux logements, on atteint les 2% du produit intérieur brut. Et tout cela permet de réduire l’intensité de cette pauvreté. En comparaison, le budget de nos retraites est de 331 milliards en 2020, soit 14,5 % du PIB.

Le RSA constituait en 2020 un socle de revenus pour 2,1 millions de foyers, soit plus de 4 millions de personnes avec les conjoints et les enfants à charge. Il protège donc un nombre très important de personnes en France. Son montant moyen avoisine les 7000 euros par an et par ménage bénéficiaire, ce qui en fait l’une des aides publiques les moins coûteuses par rapport à son impact social. D’ailleurs, avez-vous déjà vécu ou imaginer vivre avec 7 000€ par an ?

Son efficacité, elle est difficile à évaluer, c’est indéniable tant les facteurs de pauvreté et les leviers sont multiples. Mais une chose est sûre, on ne peut pas seulement regarder le taux du retour à l’emploi pour dire si ça marche ou pas. Il y a des bénéfices de cette aide sociale en matière de santé, d’accès aux droits, de situations familiales, etc. On pourrait se dire que si on n’avait pas cette politique, la société irait moins bien, car les inégalités seraient plus grandes et une part encore plus importante de la population aurait un moindre accès à la santé, à l’éducation, à l’alimentation, etc. Sans les prestations sociales, on aurait un taux de pauvreté dans la population de l’ordre de 22 % alors qu’il est réduit à 14 % par l’action des prestations sociales.

Pour aller plus loin :

→ Les aides sociales coutent-elles un pognon de dingue ? Podcast France culture

→ RSA, il faut retrouver le sens du droit Interview de Nicolas Duvoux – CFDT – février 2023